7 décembre 2002. Marseille, théâtre du Bompard. L'entrée du bâtiment est en berne. A l'intérieur, de la musique, de la lumière. Un espace d'échanges, une buvette, des conversations. Des groupes d'hommes, de riverains, de femmes, d'amis, d'enfants, d'artistes. L'atmosphère est conviviale, feutrée malgré les décibels : chargée. Les espaces sont mis en scène. Nos présences aussi. Là un groupe en marche derrière un guide aux allures de capitaine de bateau-fantome. La pénombre et des chuchotements intrigués. Des casques de chantiers. Là, une dame qui semble ne jamais avoir quitté son fauteuil de spectatrice. Non loin, une chorale qui chante les forains en boucle. A côté une vitrine où des costumes ternissent d'oubli. Là-bas, un philosophe-fou du temps des Lumières se lamente. Un comédien fardé tourne d'ennui dans sa loge en attendant le régisseur de scène qui n'est plus qu'Arlésienne. Derrière une porte, le panoramique vertigineux de Marseille. Croiser un directeur technique schizo dans sa régie trop calme. Plus bas, une compagnie de théâtre qui n'en finit pas de ne pas finir sa représentation. Et puis tout à coup, éblouis par un projecteur, la voix de Barbara et le "lac des silences du théâtre". Plus loin, le dessin de parenthèses sur nos joues ; parenthèses autour de nos paroles et de nos rêves. Bompard : lieu d'arts et de cultures à la mort annoncée.
photo : Igor

photo : Igor
Ce soir, pour la première fois depuis le début de la création de APUD, toute l'équipe est au grand complet : Clara qui vient de nous rejoindre après avoir dansé à Sète, Judith, Geoffroy, Klaus et Thierry. Ils ont accepté de venir soutenir le théâtre Bompard afin que les institutions tiennent parole et que le lieu vive.
15 mn d'improvisation. La musique
de Klaus à la prise de position sensible. La prise de parole grave et posée de Geoffroy à travers les mots d'Emmanuel Laugier. La danse fulgurante de Thierry. Les retrouvailles surprenantes d'évidence avec Clara. Et l'émouvante entrée en danse de Judith parmi nous, comme une douce et tendre approbation de céder à l'inconnu afin d'être avec. J'ai le sentiment en écrivant ces lignes de faire partie d'une tribu ou chacun joue de la réunion d'êtres singuliers. Je suis ému de cette liberté de pensées, de mouvements, d'élans et de partages tout en me réclamant de cette appartenance, de cette réunion.. l'être au monde! Bon, ajouter à cela la belle écoute des amis du Bompard : c'était cadeau. Christophe.
à Gérard Goyet.

photo : Igor
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