«Où sont les corps,
d'abord ? Les corps sont d'abord au travail. Les corps sont d'abord à
la peine du travail. Les corps sont d'abord en transport vers le travail,
au retour du travail, à attendre du repos, à le prendre et
vite à s'en déprendre, et à travailler, à s'incorporer
dans de la marchandise, marchandise soi-même, force de travail, capital
non accumulable, vendable, épuisable sur le marché du travail
accumulé, accumulateur. La techné créatrice
crée les corps d'usine, d'atelier, de chantier, de bureau, partes
extra partes composant par figures et mouvements avec tout le système,
pièces, leviers, embrayages, emboîtages, décolletages,
encapsulages, fraisages, découplages, emboutissages, systèmes
asservis, asservissements systémiques, stockages, manutentions, décharges,
casses, contrôles, transports, pneumatiques, huiles, diodes, carcans,
fourches, bielles, circuits, disquettes, télécopies, marqueurs,
hautes températures, pulvérisations, perforations, câblages,
canalisations, corps canalisés vers rien d'autre que leur force monnayée,
rien d'autre que la plus-value de capital qui se ramasse et se concentre
là. [ ... ] Rien n'échappe moins à la sémiologie que les efforts subis par les forces, la torsion des muscles, des os, des nerfs. Regardez les mains, les cals, les crasses, regardez les poumons, les colonnes vertébrales. Corps salis salariés, saleté et salaire comme un anneau bouclé de signification. Tout le reste est littérature. Fin de la philosophie, et surtout de toute philosophie du corps, comme de toute philosophie du travail. Mais libération des corps, réouverture de l'espace que le capital concentre et surinvestit en temps toujours plus resserré, plus aigu, plus strident. Corps made in time. La création, elle, est éternelle : l'éternité, c'est l'étendue, la mer mêlée au soleil, l'espacement comme la résistance et la révolte des corps créés» Jean-Luc Nancy (Membre du Parlement international des écrivains, professeur de philosophie), Corpus, éd. Métailié, 1992. |
Le printemps arrivé ; Clara est à New - York entre ville et vie nouvelle. Y entamer son travail / solo. Thierry est Marseille. Il danse pour Jean-Jacques Sanchez dans "Trans" (présentations au Studio Kelemenis, Marseille, les 27 et 28 mai à 18h30). Je pars pour Reims, travailler avec Félix Ruckert dans "Ring" (les 13 et 14 mai au cirque de Reims, semaine Décadrage) ; j'y retrouve Judith. La semaine d'après, c'est Thierry que je rejoins pour cinq jours d'ateliers avec la Compagnie Coline à Istres. Penser et réfléchir la saison prochaine avec, aussi, Séverine et Paul. Toujours poursuivre cette confiance au présent pour tenter d'échapper à "la force monnayée des corps" et permettre cette "réouverture de l'espace". Je pense au soleil qui se couche sur la Madrague de Montredon. Je pense à la thématique "un jour, une éternité" de Judith. Christophe.
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